L' Aspe - Un cyprinidé pas comme les autres

Voguer entre Anjou et Pays de Loire

Savoyard, né en Savoie, d'une mère savoyarde et d'un père nantais, j'ai souvent erré entre Savoie et Loire-Atlantique, ce qui fait que j'ai des attaches sur mes lacs de montagnes et lacs alpins, mais aussi de la magnifique Loire.

Je vais présenter mon analyse personnelle sur le plus grand fleuve sauvage de France : "La Loire", qui a bercé ma passion de la pêche à mon plus jeune âge et qui m'attire toujours énormément.

Je pêche seulement le fleuve, d'Angers à Nantes, mais la pêche sur ce secteur varie vraiment entre l'amont et l'aval car on approche de l'estuaire.

Attention! Ce fleuve est dit "sauvage" car dangereux. Les sables mouvants et tourbillons y sont monnaie courante. La règle qui m'a été enseignée, est de ne pas avoir de l'eau plus haut qu'aux genoux.

 

Qui est-il?

Apparu en Loire, il y a à peine 10 ans, dans le secteur où je le pêche, il était déjà présent depuis plusieurs décennies dans le Rhin et certaines rivières d'Alsace.

L'aspe est un cyprinidé qui est de la famille des poissons blancs comme le gardon, le rotengle, la brème ou encore le chevesne avec qui il a un petit air de famille.

Ce poisson, contrairement à ses cousins et cousines est carnassier. Il se nourrit essentiellement de poissons blancs.

Il est facilement reconnaissable, avec une bouche vers le haut très trapue, des nageoires en pointe et une robe noire sur une grande partie du corps. Certains individus ont des nageoires orangées (à ne pas confondre avec l'ide mélanote, également présent dans le fleuve)

C'est un poisson qui peut atteindre une taille de plus d'un mètre pour un poids de plus de 10 kg.

Ce prédateur se nourrit principalement en surface avec des attaques fulgurantes.

 

Comment savoir s'ils sont présents?

La première fois que je les ai rencontrés, j'ai vu un gros poisson blanc sauter sur les autres poissons blancs. J'ai d'abord cru à une fraie, mais j'ai vite compris que l'on était loin de l'aspect charnel des amourettes entre poissons.

Il est repérable grâce à ses chasses, que l'on entend et que l'on voit à des dizaines de mètres.

Selon les saisons, il est plus ou moins visible. 

• Au printemps, comme pour tous les poissons, à part les salmonidés, c'est un peu calme, on peut toucher quelques sujets en milieu de fleuve en pleine eau.
• En été, c'est l'effervescence. Ils sont sur les bordures, les piles de ponts, les gros remous, les grands bancs de sable et les fosses.
• En automne, on retrouve les mêmes pêches qu'en été, jusque mi octobre. Après, on commence à rencontrer les premières crues. C'est alors que les aspes suivent les regroupements de poissons blancs. Il faudra chercher un peu plus creux avec des techniques vraiment différentes.

 

Comment séduire le tarpon d'eau douce?

Un carnassier est un carnassier. On peut le prendre au vif, au leurre, parfois même aux appâts naturels, mais essentiellement des petits sujets.

Stickbaits, lipless, poissons nageurs, jigs et leurres souples shad autant que finesse. Ces leurres sont ceux à privilégier.

Le stickbait est incontournable, bruiteur ou silencieux, les deux sont complémentaires.

J'utilise le stickbait à partir de juin quand les poissons se rapprochent du bord.

Le lipless plutôt en mai / juin

Le poisson nageur fonctionne toute l'année, préférable à partir de juin.

Les jig que j'utilise peu pour cette espèce, est un super compromis pour mettre de côté les effets de bruits, vibrations et agitations, pour laisser place aux reflets. Très peu utilisé, il est indispensable sur des poissons éduqués. De plus, il est efficace toute l'année.

Le leurre souple, en général, est difficile à utiliser sur ce poisson. On peut pêcher des années à rechercher l'aspe au souple, sans prendre la moindre touche, ou le prendre par hasard. Il faut trouver le bon leurre. Néanmoins le bon leurre est efficace toute l'année. Je privilégie des leurres entre 2" et 4".

Le shad fonctionne globalement toute l'année, mais en particulier sur les petits poissons entre 20 à 40 cm. Pour les poissons plus gros, il faut cibler les chasses de bordure.

Le finesse fonctionne un peu moins bien pour ma part. On peut prendre un aspe accidentellement en pêchant le sandre. La plupart du temps, c'est en pêchant les perches à la volée qu'ils viennent se prêter au jeu.

Ce poisson est très difficile. Plus il est gros, plus il est méfiant. Le diamètre du fil est important, ainsi que l'approche du poste. Surtout en été , où les poissons de toutes tailles sont dans peu d'eau. Il  est préférable d'avoir une approche similaire à celle de la pêche de la truite. La discrétion sera de mise.

La pêche de bonne heure le matin est indispensable pour prendre les plus gros sujets.

 

Et la lune dans tout ça?

La lune va générer le phénomène des marées. Son influence est bien différente selon l'éloignement de l'océan et les coefficients de marée.

En Loire, sur les zones qui subissent un marnage, mieux vaut privilégier la marée descendante qui rend actif tous les poissons du fleuve. Cependant, en marée montante, le phénomène inverse se produit. L'eau saumâtre remonte et les poissons ont une alimentation proche du néant, mise à part, pour les poissons migrateurs.

Sur le comportement de l'aspe, la lune joue un rôle essentiel. Cependant, aucune analyse ne s'avère efficace à 100%. Même les pleines lunes peuvent rapporter des poissons à l'aube.

L'aspe se caractérise très bien par un comportement lunatique.

 

Petit mot du rédacteur.

A travers cet article, je souhaite vous transmettre ma passion de la pêche et principalement pour cette espèce qui me tient à cœur.

Ce que je veux, c'est que tout le monde puisse un jour prendre cette espèce qui est différente des autres. Bien sûr, tout en respectant le milieu et aussi les poissons, pour que ceux-ci repartent en bonne condition, afin de pouvoir recroiser leur route un jour, pour quelques clichés souvenirs.

Je vous remercie d'avoir pris le temps de lire mon expérience et mes conseils et espère vous croiser au bord de l'eau.

Halieutiquement.

Tanguy LEGIER